Il faut, avec les mots de tout le monde, écrire comme personne

Danton aurait pu proclamer : Pour vaincre, il nous faut de l'orthographe, encore de l'orthographe, toujours de l'orthographe. Or, la préoccupation du moment était plutôt de montrer sa tête au peuple, avant de se la faire confisquer, et non pas de mettre l'accent sur les volontés du siècle à établir pour de bon la langue française. Par lapsus, le célèbre personnage eût pu épargner à ses contemporains (d'Alembert, de Jaucourt, de Condillac) de nombreux tourments posthumes. Les défis sont aujourd'hui d'une autre nature et portent atteinte non plus à l'intégrité physique, mais à l'épanouissement logorrhéen. Aujourd'hui cependant, une institution tente de mener résistance, contre l'émondage des mots, tapie dans l'ombre, recluse dans les abîmes de la grille des programmes de France 3 si bien que l'on s'exclame souvent "Oh ben, si j'aurai su !". Il s'agit bien sûr des Dicos d'Or.

De nos jours et grâce à Wikipedia, un modeste Diderot sommeille en chacun de nous. Cet être discret la plupart du temps, sort brièvement de sa torpeur lorsqu'une Dictée de Pivot exhibe ses virgules à l'heure de la sieste. Titan de l'Académie Goncourt, mi-Nana Mouskouri de par ses lunettes, mi-Capello de par son amour du verbe, Pivot est le seul que l'on autorise à distribuer massivement des gnons télévisés à la population française, en égrénant, mot après mot, un texte élaboré avec le plus grand sadisme. En attestent un filet de bave sur l'exemplaire original de l'exercice, et le fait de relever le défi à plusieurs, histoire de partager sa honte en y ajoutant le masochisme de groupe. Epilogue sans surprise, on accepte sa note avec résignation, pour avoir eu l'audace, un bref instant, de se croire membre de l'intelligentsia.

Le lettré bourreau, du sommet de ses demi-lunes, aurait su nous énoncer sa liste de noël, ou à défaut sa liste de courses, mais les précitées n'ont que peu l'occasion de se voir imprégnées des termes tels qu'électrophorèse, nitescence, mirliflore, septentrion et débagouliner... de surcroît accordé au subjonctif plus-que-parfait conditionnel, deuxième forme.

Consolons-nous. Oncques Thorvald Stromstrüpp ne put (du fin fond du Søndre Strømfjord) émettre quelques sons endogènes d'objection à la Dictée, pendant la digestion de son Fjord. C'est bien une spécialité francophone, que jalousent DE5 CH1FFR3S 3T D35 L3TTR35 (cf : générique) en pleine skyblogisation dépravation. Cancres, il est désormais possible de se rattraper avec la dictée en ligne.
7 décembre 2005 à 02:24
Il y a des fois, j’ai du mal à suivre.
Skyblog n’a pas un équivalent latin ? Blog du ciel (ou ciel, un blog !).
7 décembre 2005 à 12:30
Caelum blogus ?
7 décembre 2005 à 13:29
Hors sujet mais … oh ! Bienvenu à Gattaca !
7 décembre 2005 à 13:47
"Vous avez fait 269.5 faute(s)."
Alors ? Il y a un "s" à faute ?
7 décembre 2005 à 22:09
Caelum blogus sonne bien, quelqu’un est partant pour monter une plateforme de blog pour en faire des dictées ? Cela sera une grande mode (wé!! lol kikoo!). Argh.
8 décembre 2005 à 02:23
Rooh c’est plein de fautes
Nan j’déconne. J’ai ri, c’est bien vu (et bien écrit)
8 décembre 2005 à 21:50
Moi quand on me parle d’orthographe, j’ai à chaque fois en tête la dictée de Pivot de cette année, avec des phrases qui ne veulent rien dire, et des feintes du style : "Il y avait une brize…" Et pas "une brise" ! … No comment
11 décembre 2005 à 17:38
Moi, il y a un truc qui me reste en travers de la gorge : le pluralisation de mots étrangers déjà au pluriel. En italien, les pâtes longues et fines s’appellent des spaghetti. Le singulier de ce substantif est spaghetto. Donc : uno spaghetto, due spaghetti. Un spaghetto, deux spaghetti.
Mais non ! Il paraît qu’il faut écrire spaghettis maintenant ! Alors question : le pluriel d’un pluriel, ça donne quoi ? Ne devrait-on pas plutôt écrire, tout simplement, des spaghettos ?
Personnellement, je continuerai de dire : des spaghetti, des panini, des sandwiches, des pizze (le pluriel italien de pizza), etc. Le seul mot pour lequel c’est un peu ennuyeux, c’est bus. Parce que le pluriel de bus, en français… ça donne « buses ». Et comme dirait Matt Houston : « Vous voulez dire qu’on s’est plantés comme des grosses buses ? Alors ça je ne le crois pas ».
17 juin 2007 à 20:52
Ahhh, le munster à l’ail … (Ah? Pardon, c’était pas le sujet)
Quelle plume, je suis toute émoustillée par tant d’aisance syntaxique.