Cyberthé en Chine
vendredi 3 mars 2006 | Autour du monde
Prétexte à la suite de quelques billets postés il y a un an sur la Chine que je n'avais pu continuer faute de temps, revenons sur quelques news récentes qui titrent "Pas de cybercafé pour les Chinois". Avec en sentence maîtresse :
L'annonce des autorités comme quoi l'accès des Cybercafés sera interdit aux mineurs de moins de 18 ans à compter du 1er mars 2006, vient d'être acceptée."
Il convient de nuancer ce genre d'annonce. Les faits sont là, il y a tout de même 400 millions d'utilisateurs de téléphone mobile en Chine, le pays affiche fièrement plus de 9% de taux de croissance, et occupe la 4e place mondiale en terme de PIB. La période médiévale étant passée, il serait donc utile de considérer d'un bon oeil les avancées économiques accomplies en très peu de temps, même si le flirt avec certains usages et traditions séculaires reste tenace. Une grande partie de la population reste cependant très pauvre, et les différences tendent à s'accroître. Cf en cas extrêmes, cette rue non éloignée du centre de Pékin et la mendicité insistante envers les étrangers à Xian. Situation qui n'aurait du se produire que très rarement à l'époque 100% communiste. Les dirigeants ont aujourd'hui affirmé vouloir lutter contre les inégalités en fixant un taux de croissance économique annuel, tiré par le haut principalement par l'énergie des investissements étrangers.
Ce qu'il faut aussi savoir, c'est qu'une loi restrictive est appliquée avec plus ou moins de conviction et donc d'efficacité. La Chine, de par ses dimensions et son histoire, est une mosaïque de cultures et donc de mentalités sous-jacentes. Le passé d'un désert froid et communiste jouera toujours contre l'entrain d'une zone tropicale ultra-libérale. Comment méjuger un pays tâtonnant le progressisme, lorsque ses cités mineures comptent plus de gratte-ciels que dans toute l'Europe réunie ?
Pour en revenir aux cybercafés, j'ai eu l'occasion d'en fréquenter au coin de la place Tiananmen, c'est dire s'il n'y a pas plus chinois comme cybercafé, à Pékin, où des relents communistes exercent encore une remarquable influence. Inutile pourtant de décliner son identité dès l'entrée. Le fait d'être un étranger joue peut-être. A l'utilisation, certains sites sont filtrés dans une ville et moins dans une autre. Dans une autre cité, on propose - avec insistance - de signer le "livre d'or". Feinte déguisée pour conserver l'identité du visiteur.
En général, la sensation d'oppression s'atténue au fur et à mesure de l'urbanisation et de la latitude. Shangaï ou Hong-Kong (même après la rétrocession) ne sont que difficilement bridées (que nenni, point de jeu de mot facile). Quel avenir alors pour la liberté d'expression en Chine ? Il faut rester optimiste : les pressions économiques et culturelles internationales joueront pour beaucoup dans les années à venir.
Le grand test médiatique de ce début de siècle se produira certainement durant les JO de 2008 à Pékin. Et quoiqu'on en dise, le bond accompli est déjà conséquent et a commencé à éclipser Vieux Continent et Nouveau Monde réunis. Phase 1 : en voie de développement, le pays vend à l'étranger des produits compétitifs grâce à une main d'oeuvre peu coûteuse; Phase 2 : la population s'enrichit petit à petit pour atteindre un meilleur niveau de vie grâce aux capitaux étrangers et à une balance commerciale extrêmement favorable; Phase 3 : les chinois deviennent consommateurs et achètent à l'étranger... par milliards. Actuellement les taxes à l'importation sont cependant très élevées, et le gouvernement mise sur l'auto-suffisance alimentaire.
Alors, cybercafé ou pas pour les djeunz ? Une rumeur voudrait que le gouvernement chinois ait eu vent de l'existence des skyblogs et ne craigne que le phénomène se propage à d'autres régions du monde.
