Blup!

Guerre et Paix, de Léon Tolstoï, rime souvent avec énorme pavé. Ce qui est tout à fait vrai, en ce sens que seul le premier tome (1023 pages en édition poche) peut suffire à caler une lourde porte blindée, ou encore servir de chauffage pour tout un hiver sibérien. Pourtant, c'est un récit qui reste tout à fait passionnant lorsque l'on se plonge dedans, après avoir pris une ou deux années sabbatiques.

Pour résumer, et comme l'indique très justement le titre, c'est une histoire de guerre et de paix (qui l'eût cru) dans la Russie du XIXe siècle, mais en fait surtout une histoire de guerre puisqu'en temps de paix il y a beaucoup moins à écrire, moins de héros qui portent l'honneur de leur patrie cheveux au vent sur les rives du Danube, moins de batailles palpitantes à décrire sur des dizaines de pages jusqu'au moindre brin d'herbe foulé, moins de familles déchirées par la perte d'un héritier, bref, la paix c'est aussi passionnant que le fil RSS d'un blogueur en vacances.

Tolstoï aurait pu l'intituler N'oublie pas le sucre sur les fraises, Le mystère des raviolis moisis, ou Le Prisonnier d'Azkaban, mais il était plutôt futé et a donc choisi Guerre et Paix (ou Guerre et Monde en Russe car les mots Monde et Paix sont homonymes dans cette langue).

Penchons nous brièvement sur le synopsis.

Napoléon conduit son armée en Russie, mais la vie continue à Moscou. Le comte Rostov se prépare à célébrer la fête de sa fille Natacha, un garçon manqué qui supporte mal le corset que sa mère l'oblige à porter. Là, se croisent le prince André Bolkonski et sa femme Lise, enceinte ; Pierre, le fils illégitime du comte Bezoukhov ; Maria Dmitrievna, la tante de Natacha ; et enfin Nicolas Rostov et sa cousine Sonia, follement épris, l'un de l'autre.

Au cours du bal, un messager délivre un pli annonçant l'entrée en guerre de la Russie aux côtés de l'Autriche. Les hommes s'en réjouissent, les femmes s'en inquiètent. A quelques rues de là, le comte Bezoukhov, à l'agonie, demande à voir Pierre avant de mourir. Le comte souhaite lui remettre une lettre adressée au tsar pour légitimer sa situation. Vassili Kouraguine qui escomptait bien s'approprier la fortune du comte dispose d'un autre atout pour reconquérir ces biens perdus : sa ravissante fille Hélène qui s'est mise à fréquenter Pierre avec assiduité...

Voici le prélude à une immense fresque historique que résume tout aussi bien Woody Allen : "J'ai fait un stage de lecture rapide. J'ai lu Guerre et paix en une heure. Ça se passe en Russie." Pour lui et pour les procrastinateurs modernes que nous sommes, une grande fiction télévisuelle a vu le jour grâce à la coopération de 7 pays européens, dont les 4 opus sont diffusés sur France 2 ce mois-ci.

Je propose à tous ceux qui ont manqué l'épisode de ce soir, de redécouvrir les moments clés du film :

* Kalinka, paroles :

Petite baie, petite baie, ma petite baie !
Dans le jardin, il y a des petites framboises, ma petite framboise !
Sous le sapin, sous la verdure,
Je suis allongé pour dormir
Ah, liouli, liouli, ah liouli,
Je suis allongé pour dormir.

Ah, petit sapin, toi qui es vert,
Ne fais donc pas de bruit au dessus de moi
Ah, liouli, liouli, ah liouli,
Ne fais donc pas de bruit au dessus de moi

Ah, jolie fille, chère jeune fille,
Tombe donc amoureuse de moi !
Ah, liouli, liouli, ah liouli,
Tombe donc amoureuse de moi !

Un homme ayant abusé de la cocaïne ravage un champ de maïs au volant de son 4x4 :

La police de Dussen (Pays-Bas) rapporte qu'une Mercedes a pris un champ de maïs pour une piste de course. Les agents y ont trouvé un homme vrombissant entre les épis verdoyants, complètement désorienté qui tracait des cercles au volant de son SUV. Ils n'ont pu établir de contact avec l'homme qui a remis les gaz à chaque tentative, en manquant d'écraser les policiers. L'intervention d'un hélicoptère pour tenter de maîtriser la voiture et de l'empêcher de s'échapper a permis de photographier les dommages causés.

Lot de consolation : son exploit sera visible sur Google Earth.

(* ou crop circle ; source : politiemwb.nl)

De bons présages

Neil Gaiman, Terry Pratchett

Aziraphale (ange, bibliophile et libraire à mi-temps) et Rampa (démon, lunettes noires, Bentley et bottes en peau de serpent), envoyés du Bien et du Mal, cohabitant sur Terre en harmonie et savourant les plaisirs de la vie depuis plusieurs siècles, ne peuvent se résoudre à laisser l'Apocalypse se produire, prévue pour l'heure du thé dans quelques jours.

On s'aperçoit que le Bien n'est pas si bien que ça, et que le Mal l'est tout autant. Ou pas.

Avis : Roman et conte philosophico-moral empli d'allusions et de références décalées.

Va-t'en-guerre

Terry Pratchett

Une île a fait surface entre Ankh-Morpork et Klatch. Les jeux de pouvoirs et la convoitise du nouveau territoire ravivent d'anciennes querelles. Un ambassadeur est assassiné, mais ce crime à l'apparence banale dissimule un plan machiavélique ourdi par de tortueux comploteurs. Deux armées se constituent ; le Guet, Vétérini, Léonard de Quirm, Chicard, Colon, Carotte, Angua et moult autres protagonistes hauts en couleurs et riches en verve se retrouvent en terrain inconnu pour empêcher la guerre.

Avis : Du bon Pratchett comme d'habitude, dans un plaidoyer plein d'humour contre la guerre. A venir : Le Dernier Continent, Le Dernier Héros, Carpe Jugulum, Le Cinquième Eléphant, La Vérité, Procrastination, Ronde de Nuit...

Du bruit dans Landerneau

Patrice Louis

Dictionnaire des noms propres du parler commun : D'Archimède et son principe, à Pivot et sa dictée, des Colonnes d'Hercule à la ligne bleue des Vosges, de la flèche du Parthe à la pomme de Newton, de Machiavel à Lynch, de Narcisse à Nemrod, de la tour de Babel à la boîte de Pandore, du triangle des Bermudes au poinçonneur des Lilas, du chien de Jean de Nivelle à ceux de Pavlov. Qui a cassé le vase de Soissons ? Artaban ne tient-il vraiment pas un bar-tabac ? Et par-dessus tout : Rambo doit-il son nom à Rimbaud ?

Avis :

Retour en force de JLD avec un n-ième sujet Internet c'est le mal.

(Avec un correcteur d'orthographe en panne)

On notera un retour en force de WoW par rapport à CS.

Flemme de faire un best-of audio ou vidéo pour le moment (en plus j'ai loupé l'enregistrement du premier reportage sous-titré "je suis un associal et j'emporte mon portable dès que je sors de chez moi même pour aller boire un verre avec des potes").

Trêve de plaisanteries, voici le début d'une série de quelques billets pouvant redonner de l'éclat à une culture littéraire printanière flétrie par un hiver de flemme.

Oscar et la dame Rose

Éric-Emmanuel Schmitt

Oscar est atteint de leucémie. Il sait que son existence va bientôt prendre fin. La Dame Rose, lui rendant fréquemment visite, suggère d'écrire à Dieu, une lettre par jour, douze lettres qui décriront les pensées et aventures d'Oscar au fil du jeu de la vie : chaque jour compte pour dix ans et permet de nouvelles découvertes. Il va ainsi passer de l'enfance à la vieillesse, des moments caricaturés qui ne lui seront jamais permis, mais sur lesquels un regard mi-naïf mi-critique est jeté.

Avis : L'auteur aurait gagné à adopter un style moins soutenu, qui pour un enfant de dix ans aurait paru plus plausible au lecteur, plus immersif. Cela reste néanmoins très frais et touchant.

Conseil : A ne pas lire en épluchant des oignons.

La part de l'autre

Éric-Emmanuel Schmitt

Que se serait-il passé si Hitler avait été reçu à l'école des Beaux Arts ? L'auteur propose en parallèle d'une biographie romancée de l'Adolf authentique, celle alternative et imaginaire d'un homme qui, détourné de la pente que l'on connaît et qui le mènerait à la tête d'un conflit majeur, se révèle un honorable peintre à la recherche de sentiments, sans autre ambition publique que d'être reconnu en tant qu'artiste.

Avis : Un parallèle des plus intéressant sur les événements et leurs conséquences, des perturbations gastriques d'une bactérie jusqu'à une échelle macroscopique, du battement de l'aile d'un papillon jusqu'à l'ouragan : comment un instant de la vie d'un seul homme peut faire basculer celles de millions de gens à l'origine insouciants.

Conseil : A lire sans à-priori, que l'on soit passionné par l'Histoire du siècle précédent ou non. L'oeuvre se conclut sur un petit journal de l'auteur : les étapes de la rédaction, sa motivation, ses appréhensions, son rejet du personnage, les réactions de ses proches...

Le dessous des cartes

Jean-Christophe Victor

Le dessous des cartes soulève des questions géopolitiques d'actualité par le petit coin : conflits de territoire, puissance de la Chine, écologie du futur, pourquoi l'Iran veut-il devenir une puissance nucléaire, Colombie, Russie, Japon, Afrique en mosaïque, Moyen-orient et pétrole, autant de sujets qui trouvent une explication historique et surtout une illustration géographique traduisant causes et effets.

Avis : Une approche attrayante, des cartes bien pensées, et des textes qui ne lassent pas.

Conseil : Attention à ne pas détacher l'étiquette avec du solvant, la couverture part avec...

Les 2 minutes du Peuple de François Pérusse qui avaient pour un temps disparu de la circulation sont disponibles sur iTunes, avec quelques inédits. Ce podcast est bien sûr accessible à tous gratuitement, que l'on possède un iPod ou non. Je n'indique pas le lien car celui-ci a changé plusieurs fois, mais vous pourrez les retrouver facilement dans la catégorie humour.

Observez surtout le vote du public... Source : Youtube

Prologue et première étape à Strasbourg ce week-end... Beaucoup de voitures-sponsor dans les rues, des kilomètres de barrières et du jaune à foison.

Rappel : Les X-men sont des mutants auxquels une anomalie génétique a conféré certains pouvoirs. Apparemment surtout celui de porter du cuir noir.

Je n'entrerai pas dans un spoiler du film, qui reste ce qu'il est : un bon film fantastique où le budget 3D Studio Max a certainement dépassé de loin celui de la cantine des acteurs. Revenons néanmoins sur le fond de l'histoire : qui dit pouvoir extraordinaire, dit jalousie et défiance des êtres humains, discrimination et isolement, voire séquestration. Tout ce qu'il y a de plus normal comme scénario à première vue.

Mais vous, quel pouvoir choisiriez-vous ? Pour faire le bien ou le mal, pour soi ou pour les autres, la condition étant de rester dans les limites imposées par La Société : soi-même, ses proches et moins proches. C'est-à-dire pouvoir s'en servir en toute impunité, en relative discrétion, sans se mettre les autres à dos, donc en conservant une apparente liberté, et en évitant de devenir persona non grata de notre monde actuel.

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La question est plus subtile qu'on ne peut le penser. Les matérialistes (3 derniers choix) pourront disposer de capacités certes distrayantes, mais à la portée restreinte en public, si l'on reste dans les conditions énoncées. Même si faire flotter les Chocapic© jusqu'à son bol de Nesquik© le matin peut être séduisant. Par contre, l'exploitation de capacités psychiques (2 premiers choix) à priori non discernables par autrui pourraient, en toute finesse, avoir des conséquences bien plus considérables sur son propre écosystème. Quel pouvoir pour quel but, et pour quelle conscience ? (Bien sûr, on peut envisager d'autres choix : voler comme un oiseau, prédire l'avenir, se téléporter, lancer des jets de ketchup avec les oreilles, etc).