Blup!

Vivement la sortie en salles...

En Corée du Nord, on n'a pas d'idées, mais on a de l'uranium.

Pyongyang l'a annoncé à la télé, entre un épisode de la 1^ère compagnie et une publicité pour Danone. De la guerre à la douceur laitière libéro-capitaliste il n'y a qu'un boom, économique. Le dirigeant coréen avait l'air remonté mais parfaitement à l'aise dans le jeu du "c'est moi qui ai la plus grosse tu me fais pas peur".

Face à lui, le secrétaire américain à la défense, Mac Donald's Rumsfeld a déclaré "Nous sommes des gentils, eux c'est des méchants et ils ont dit des choses pas bien qui sont même pas vraies. C'est du bluff ! Si vous l'avez, prouvez-le d'abord !". En effet la Corée du Nord manque encore cruellement à son album Panini, et tout spécialement Pyongyang édition collector.

En Angleterre, Charles et Camilla sentant la fin du monde proche ne se cachent plus et célèbrent leur union dans l'insouciance, dans une garden party autour d'un pudding géant et du chapeau de la reine. Camilla pourra bénéficier du titre tant convoité de duchesse de Cornouailles (480 000 habitants et autant de bovins) mais restera la princesse qu'on sort.

Pendant ce temps, dans des contrées moins riches mais nettement plus inventives, on déploie des stratégies autrement dangereuses et surtout respectueuses de l'environnement, produites à la cadence infernale, de 110 kg par jour, soit de véritables bombes biologiques de 24 mégatonnes par an, pour une population de 600 000 éléphants.

Aux USA, l'approche défensive a été mise en avant. Christo dévoué à la protection du patrimoine culturel emballe les citadins à défaut d'emballer les arbres de Central Park. Ne sait-on jamais, les retombées nucléaires, des fois, ça pique. A noter que le modeste personnage répond "A quoi sert une sonate de Mozart ?" lorsqu'on lui demande l'intérêt de cette mise en scène de plusieurs millions de dollars. Pas fou le bougre. Le maire de NY en rajoute une couche : "Il a fallu quatre ans à Michel-Ange pour peindre la voûte de la chapelle Sixtine, cinq ans à Beethoven pour achever la 9ème Symphonie... (c'est) peu comparé au temps nécessaire pour construire le chef-d'oeuvre que nous célébrons aujourd'hui. La plus massive oeuvre d'art de l'histoire de notre ville". C'est oublier la Statue de la Liberté et ses 156 tonnes qui en a fait rêver plus d'un. Seulement voilà, les statues de cuivre et d'acier c'est out tandis que Christo c'est 'achement plus hype parce que les rideaux oranges dans lesquels on peut se moucher quand on se promène dans un parc, ça a son utilité.

Trop de sel sur les routes contre le verglas, ça tue nos amis les vers (ça sonne le glas des vers). Ceci dit, ils sont alors salés à point pour faire une petite grillade... de feu ver grillé.

(Si vous me cherchez je suis déjà dehors...)

Recette : passer la galette aux rayons X pour repérer la fève.

2004 : Vous n'avez pas su comment prendre cette année. "RTFM !" vous a-t-on répondu. Mais justement vous avez oublié le manuel, alors il a fallu faire avec l'édition de l'année précédente, elle-même déjà maintes fois recyclée.

Vous avez comme à l'accoutumée donné un spectacle son, odeur et lumière au réveillon, en trébuchant sur la salière et en renversant le plateau à fromage sur Tata Yvette, une sorte de présage pour dire que les 365 prochains jours seront pimentés. Les 366 précédents quant à eux n'ont pas été du meilleur goût : l'horoscope épluché jour par jour n'a pu guider vos pas dans les brousailles de la vie, dont quelques épines subsistent encore en quelques endroits de votre anatomie. Après avoir soumis un bug report à Madame Soleil, vous avez décidé de ne plus consulter les augures dans VSD ou Paris Match mais de procéder artisanalement en jetant du marc de café à l'aube sur les pigeons et en guettant la direction de leur envol, un jeu de cartes d'abonnement aux transports en commun à la main, et la boule dans la gorge.

Vous avez cru que la fortune et la gloire seraient de la partie, que les atouts dégainés vous laisseraient les poches pleines. Vous avez confondu chaos et logique, vie et calculs, au même titre que certains confondent Scarlatti et Salieri, Starsky et Hutch ou encore Mozilla et mozzarella.

Vous avez suivi vos plus forts instincts néolibéralistes en ouvrant un blog et arrêté au troisième jour par manque de temps, d'inspiration ou de commentaires. Parce que la photo de Tata Yvette couverte de fromage n'est pas du tout tendance et vous plonge dans un pagerank abyssal. La consommation de cookies a atteint son paroxysme, le spam en boîte distribué à volonté est entré dans les moeurs. Vous avez écouté Kawaii-Radio en boucle les week-ends pluvieux, guettant la sortie du dernier Starsailor sur iTunes. C'est le moment de faire un DELETE FROM souvenirs WHERE year='2004' AND type='mauvais' et d'envoyer plein de SMS pour faire croire que vous avez de vrais amis, même si les destinataires ne vous connaissent pas encore. Sans oublier de recompiler le kernel de linux pour célébrer le passage au timestamp 1104534000.

Vous avez suivi scrupuleusement les statistiques de la ménagère du troisième millénaire en mettant 5489 fois le doigt dans votre narine, en ayant lu 34 blagues Carambar et regardé TF1 jusqu'à l'overdose lors des soirées sans-amis. Vous avez aussi suivi avec émotion l'éclat projeté par les grands phares culturels de ce début de siècle : Harry Potter, la Star Academy, Amélie Nothomb et les Skyblogs. Ph34r !

Vous avez laissé le petit écran vous narrer les faits marquants de l'année. La canicule-flop, Bush et les soldats sous un soleil de plomb, les JO Coca-Cola©, l'Europe à 25, les péripéties des otages, les tsunamis sans pitié. Ces 12 mois furent aussi jonchés de grandes expériences et découvertes scientifiques : l'eau sur mars, les flashmobs, les globules rouges in vitro, et les mollusques télégéniques dans une ferme. Autant de signes annonciateurs d'un proche avenir hype, avec la conviction que la transition du réveillon ne se fera pas dans une flaque de vomi.

C'est donc plein d'espérance, la truffe humide et l'oeil brillant, que je vous souhaite la bienvenue en 2005.

Toutes mes excuses aux acteurs, producteurs, réalisateurs, figurants, costumiers, scripteurs, maquillistes et percheuses.

Comme je le disais, il vaut mieux être pro- qu'anti-... C'est pourquoi j'ai décidé d'apporter mon soutien à une cause noble et juste : Mangez des Yaourts !

Je rebondis sur les pilules, tout d'abord pour faire mes excuses à Gia qui apparemment n'est pas "Dead" comme le suggère le titre de son blog mais bien vivante puisqu'elle m'a fait l'honneur d'un commentaire (ou alors est-ce encore un coup de la Matrice ?). Cependant, elle triche parce qu'elle n'est pas si dépressive que ça : elle a même utilisé un smiley ":)". Si ce n'est pas la preuve d'une formidable poussée d'optimisme... Puis un détour par les pièges posés par Olivier (merci pour le prétexte) :

"Si ça se trouve, tu es le seul sujet de la simulation..."

Dans ce cas, ils doivent bien s'ennuyer "là haut"... Mais maintenant que je les ai démasqués, je peux sortir, reprendre vie dans le "vrai monde" sous une forme matérielle ? Morpheus va venir me délivrer ? Ou n'ai-je qu'une existence virtuelle ? Ne sont-"ils" pas eux aussi victimes d'une simulation ? De combien d'étages peut-elle être constituée ?

C'est une angoisse déjà mise en scène dans The Thirteenth Floor.

"Tu as déjà vu un atome toi ?"

J'en vois tous les jours autour de moi :x Je ne peux pas connaître leur nature ni les observer individuellement, mais je peux imaginer leur existence, par les comportements de la matière. C'est ce que Démocrite déduisit de son observation de la nature avec son pote Leucippe, en rêveurs grecs éclairés de l'antiquité, après avoir fait une exposition prolongée au soleil égéen (d'où le fait qu'ils soient éclairés... sans écran total ça laisse des marques).

Si les atomes n'étaient pas les plus petits éléments constituant toute matière, s'ils pouvaient se subdiviser en parties de plus en plus petites, ils ne pourraient que mener au néant ou à une dilution des matériaux - on va mettre de côté les électrons et les quarks. Cette immuabilité était une parade à Zénon (un rival qui était dealer dans une autre cité) qui avait montré que la division d'une quantité en quantités plus petites n'avait pas de limite (surtout quand il s'y prenait avec le crack). Après beaucoup de divisions successives, on parvenait inévitablement au "rien" (ou pour illustrer la chose de façon plus imagée : au contenu du cerveau de Nikos Aliagas) ce qui impliquait que les corps étaient composés de vide. Pour couper court à ceci, Démocrite décida que les atomes devaient être éternels et insécables, et les baptisa de leur nom actuel (atomos en grec signifie "indivisible").

Ces atomes devaient être différents, pour expliquer la variété des substances (une peau de banane, la Tour Eiffel, une brique, le micro de Philippe Risoli) et leurs états (solide, liquide, gazeux, rissolé). Ils devaient être constants, et s'assembler pour donner naissance à la nature, puis une fois celle-ci décomposée, s'assembler à nouveau pour renaître sous une autre forme. Songez-y, certains atomes de votre corps ont peut-être déjà été la propriété de l'estomac d'un lama, d'un pétale de rose ou du vomi d'une fourmi.

"D'ailleurs je suis un logiciel autonome chargé d'apporter de l'eau au moulin de ta réflexion afin que tu l'intégrer et qu'elle ne te soit plus étrangére, donc que tu continue la simulation comme prévu, et tu ne peux pas prouver le contraire, gnark gnark gnark..."

Au contraire tu pousses à la réflexion (gnark gnark gnark). Si je te traite de logiciel autonome tu ne vas pas apprécier, et inversement si tu crois être l'unique objet d'une simulation et que tu me prends pour un décor préprogrammé. Parce que tu penses (et je pense) avoir une âme. La question qui restera à jamais sans réponse est : si je suis sûr d'avoir une âme, suis-je aussi sûr que les autres en ont une ? Démocrite (encore lui) pensait que l'âme était constituée elle aussi d'atomes. D'une autre nature que les premiers, plus gentils, des atomes moins crochus (si j'ose dire) ne pouvant s'agglomérer.

Pourtant, un des principes de base de la philosophie consiste à libérer l'âme du corps. Ceci pose un problème : si l'âme n'est pas constituée d'atomes, elle ne peut se voir, se mesurer ni se localiser : à l'intérieur du corps ou à l'extérieur ? Cette dualité corps matériel / âme immatérielle était appréciée Platon qui pensait que sous cette forme l'âme peut percevoir le monde des idées et être immortelle. Le dualisme a pour avantage de ne pas être un complément religieux, on peut y croire sans être... croyant.

L'âme ne doit être réduite à une machine à raisonner, en-dehors de toute passion qui serait une maladie de l'âme. Les individus qui ne réagissent (JCVD dirait react) que par leur conditionnement préalable (leur passé, les expériences vécues, leur éducation) sont-ils des ordinateurs aveugles ? Leur capital naturel, leur innocence, dont chacun dispose en quantité équivalente à la naissance, a-t-il été perverti par la société ? C'est une thèse défendue par Rousseau : L'Homme est fondamentalement bon. Est-il vraiment nécessaire de lui enseigner la manière de différencier le bien et le mal au travers de la religion ? N'existe-t-il pas une éthique naturelle innée en chacun de nous ? C'est le mythe du bon sauvage corrompu par la civilisation. Mais ceci est une autre histoire...

Je décline toute responsabilité de troubles du sommeil provoqués par ces questionnements existentiels.

La raison ne peut qu'être l'esclave de la passion.

David Hume (Philosophe écossais, 1711-1776)